J’ai présenté les projets des étudiants Ingénieurs civils architectes réalisés dans le cadre de l’atelier « Projets urbains » de Master 2 dans le cadre des cours ouverts organisés par l’ULiège à Verviers.
Vous pouvez charger les documents via le lien suivant : Verviers MasterPlan.
Ces cours se base sur une pédagogie par la commande, qui repose sur une étroite collaboration avec les autorités locales, ici les communes de Verviers, Dison, Theux, Limbourg, Pepinster, réunies dans la Task Force Vesdre animée par le GRE Liège.
Nous sommes bien entendu à votre disposition pour commenter/présenter les travaux des étudiants
Un enjeu : le recyclage urbain
Du fait du contexte particulier des territoires impactés par le déclin industriel au sein des vallées de la Vesdre et de la Hoëgne, la thématique sous-jacente commune aux différents sites retenus concernait le « recyclage urbain » en vue de dégager de nouvelles pistes de développement pour l’avenir.
Les interventions proposées devaient s’appuyer sur les dynamiques territoriales en présence. Elles visaient à répondre aux enjeux actuels et des évolutions à venir de la ville, dans une démarche prospective des nouveaux usages urbains en considérant le contexte socio- économique spécifique de la région verviétoise.
Le déclin industriel de la vallée de la Vesdre
La vallée de la Vesdre et de ses affluents ont été le théâtre de développements industriels et urbains importants aux 19° et 20° siècles. Ces cours d’eau, à la fois source de force motrice et source d’eau de grande qualité pour le traitement des textiles, ont nourri et soutenu le secteur industriel lainier, portant la réputation de cette région à un niveau mondial dans l’immédiate après-guerre.
Par la suite, le déclin s’est imposé en raison de coûts de production non concurrentiels renforcés par le remplacement de l’économie de production par celle de la finance à partir des années septante. Ce changement de doctrine économique a par ailleurs conduit au niveau européen à délocaliser massivement les productions industrielles lourdes et impactantes en termes d’environnement vers des pays moins exigeants (au niveau environnemental, de la protection des ouvriers, etc.) et offrant des coûts de production inférieurs.
Depuis les années quatre-vingt, Verviers et sa région ne se sont pas remises de ce choc de désindustrialisation. Si les communes satellites ont été moins impactées, car présentant moins d’activités industrielles, Verviers et Dison subissent encore les conséquences de la mutation économique et de l’éloignement des grands centres de décision. Les territoires des communes concernées conservent en leur sein de nombreuses anciennes usines dont une partie des bâtiments restent à l’état de friches, renforçant ainsi le sentiment d’abandon perçu par de nombreux habitants.
Pour Verviers et Dison, en plus de l’impact des anciens sites industriels, le territoire a été perturbé en profondeur par la construction de voies de communication (autoroute, ring, trémie, percée, etc.) à la fin des années septante et début quatre-vingt qui a nécessité la destruction de quartiers en tout ou en partie. Des ruptures territoriales ont été ainsi imposées à un tissu urbain déjà fragilisé.
Une offre commerciale en voie d’évaporation…
A ces ruptures territoriales, viennent se greffer des modifications dans les modes de consommation qui ont des impacts au niveau du territoire. Les modes de consommation ont évolué avec le déclin des petites unités de commerces au profit d’un regroupement et d’une massification des espaces de ventes. Nombreuses grandes surfaces créées en périphérie avec dans leur sillage pléthore de boutiques ont « siphonné » la clientèle des petites unités, réduisant au fur et à mesure du temps l’étendue et l’attrait des anciennes artères commerçantes à un hyper centre.
La ville de Verviers a répondu relativement tardivement à cette dynamique de mutation commerciale, laissant s’échapper une partie de ses surfaces de vente, et, par-là, de sa zone de chalandise, vers l’agglomération liégeoise et le plateau de Herve, notamment.
Ce phénomène s’est encore accentué avec le projet de l’Outlet Mall sur le site de l’ancienne gare de l’Ouest, devenu le site Crescendo, avec florès de grandes surfaces attractives regroupées autour d’un vaste parking, localisé à proximité de sorties d’autoroute. Ce développement commercial pourtant proche du centre-ville, a de manière induite détourné les chalands des artères commerciales du cœur de ville, renforçant en cela le sentiment de « désertion » du centre. Ce phénomène s’est traduit par la multiplication de cellules vides. Un cercle vicieux s’est ainsi installé, où le nombre réduit de chalands induit une réduction de commerces qui induit à son tour la réduction de chalands… Signalons, enfin, que les aléas de concrétisation du projet de grand centre commercial en bord de Vesdre, annoncé depuis plus dix ans et maintes fois reporté, est venu encore aggraver cette instabilité commerciale locale.
Des défis liés à la multi-culturalité
Plus récemment, la région verviétoise a été touchée par le démantèlement d’une cellule terroriste d’origine bruxelloise qui s’y était installée. La stigmatisation médiatique qui s’en est suivie est venue alimenter les crispations au sein de la société, avec le renforcement de clivages socio-culturels pré-existants.
Rappelons à cet égard que de par son passé industriel et sa grande proximité avec les frontières, Verviers a toujours été une terre d’accueil pour les populations d’origine étrangère. Allemands, hollandais, polonais, italiens, espagnols, maghrébins, turcs, etc. ont fourni une main d’œuvre utile pendant des décennies, avec pour particularité que les primo-arrivants se regroupaient, généralement au niveau du quartier de Hodimont, avant de partir s’installer ailleurs sur le territoire.
Verviers totalise aujourd’hui plus de 120 nationalités différentes sur son territoire. Cette diversité culturelle peut être vue comme une des richesses de la ville, pour autant que celle- ci puisse s’exprimer dans un cadre intégrateur. Le rôle du centre-ville et du patrimoine local, en particulier industriel, ont de ce point de vue un rôle important à jouer. Verviers et sa région doivent en effet recomposer leur avenir en se reconstituant sur les bases d’un passé jadis florissant, en articulant les différentes couches et origines de la société entre elles pour générer un « nouveau récit » mobilisateur et intégrateur, à l’image d’autres villes post- industrielles.
Acupuncture plutôt que thérapie lourde
Différentes stratégies de régénération urbaine ont vu le jour ces dernières années dans les territoires post-industriels tels que la région verviétoise. On a vu ainsi des villes miser sur des attracteurs culturels majeurs (Bilbao, Lens, Metz), sur une reconversion profonde du centre- ville aux fins d’attirer des acteurs économiques (Sheffield), sur la mobilisation de l’économie créative (Nantes, Porto) ou encore sur la revalorisation du patrimoine industriel (Emsher, Turin).
La démarche qui sera adoptée à Verviers est encore au stade de l’ébauche. On peut néanmoins affirmer dès à présent qu’elle devrait reposer sur une forme d’acupuncture urbaine, inspirée en cela des propositions de Marco Casagrande. La disproportion entre enjeux en présence et moyens disponibles pour la rénovation urbaine est en effet criante encore. L’urbanisme tactique est sans doute la seule modalité d’action susceptible de répondre à ce hiatus.
Il s’agit dans cet esprit d’équilibrer les interventions entre centre et périphérie, sachant que la périphérie verviétoise et sa nébuleuse de villages reste attractive pour les jeunes ménages. Il s’agit là d’un atout à ne pas sous-estimer. Dans le même temps, une ville sans centre urbain actif ne peut conduire qu’à un renforcement des clivages sociaux et culturels, les habitants de la ville n’ayant plus de lieux communs et donc d’expériences à partager.
Vers un cadre négocié à l’échelle de la région urbaine
L’idée germe depuis plusieurs années au sein de la région verviétoise que l’avenir de la ville devra passer par la mise en place d’un cadre négocié, qui articule un certain nombre d’interventions dans le temps et dans l’espace au sein des cinq communes de la région urbaine. La mobilisation de ce potentiel de reconversion fait explicitement partie des ambitions de la Task Force pilotée par le GRE. Son objectif est d’élaborer un Master Plan pour la reconversion du territoire de la vallée de la Vesdre, à l’instar du Master Plan de Seraing réalisé voici une dizaine d’années.
J’apprécie la justesse, la précision et le raffinement de la description du bilan adroitement écrite. Mais je reste avec un goût de trop peu…..
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Avez-vous ouvert le lien et analysé les projets des étudiants ? C’est là que se trouvent les propositions concrètes.
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Bonjour,
Etant fondateur de l’asbl Yoomeyoo Factory qui rénove sa vieille usine de plus de 5000m2 à Verviers, j’aimerais partager des idées pour réinventer Verviers et surtout construire un Verviers qui soit une ville verte malgré sa vieillesse (je pense à verdure, énergie, mobilité, culture,…).
J’apprécierais d’avoir une conversation et par la suite vous rencontrer.
Je suis joignable au +32476 866 568 (SMS, Whatsapp, Signal)
Je vous remercie.
Bjorn Vidakovic
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Bonjour,
Je suis actuellement en sabbatique aux Etats-Unis. Difficile pour moi de vous rencontrer. Vous est-il possible de me contacter par mail à l’adresse jacques.teller@uliege.be pour fixer un rdv via Visio?
Bien à vous,
Jacques Teller-
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